(*) Par Gabriel Gaspard, chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière. Gabriel Gaspard (*) 22 juin 2021, 7:11

OPINION.Pour la sortie de la crise de la Covid, le nouveau Président doit-il choisir entre réduire des dépenses publiques, compter uniquement sur le simple retour de la croissance ou investir massivement pour une croissance forte sans inflation ? (*) Par Gaspard Gabriel, chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière.

La leçon apprise des grandes crises passées en Europe est de ne pas réduire durement les déficits publics. Pourtant, dans son rapport du 15 juin 2021, la Cour des comptes préconise à la nouvelle majorité de fixer une réduction des dépenses publiques dans une loi de programmation pluriannuelle. Le nouveau Président, comme en 2008, peut choisir une croissance faible et éponger les dettes sur plusieurs années. Ce choix coûtera à la France, comme pour 2007 à 2017, approximativement 1,5 milliard d’euros en termes de produit intérieur brut (PIB). Il a aussi le choix d’utiliser les économies des ménages, dans un cadre réglementé, pour investir et créer une croissance économique puissante, écologique et sociale dans un cadre plus résilient, sans emprunts extérieurs et sans inflation.

Depuis douze ans, les économies européenne et française sont restées sans une forte inflation. En France de 2013 à 2021, le taux d’inflation moyen est même inférieur à la moitié de son objectif  soit 0,84 %. Avec la pandémie, la Bourse, sauf pendant une courte période en 2020, vole de record en record. Le taux de chômage est passé de 10,3 à 8 % pour la même période. Malgré tous ses efforts, la BCE n’arrive pas à expliquer cette tendance par les vieilles règles. L’économie croît à un rythme sans provoquer des hausses de salaires ou de prix qui finissent par étrangler la croissance.

Nous vivons depuis plusieurs années avec des taux d’intérêts bas et des taux négatifs à court terme. Cette situation procure un avantage considérable aux emprunteurs avec des taux d’intérêts pour les crédits immobiliers très accessibles. En France, ces taux se situent aujourd’hui entre 0,39 et 0,75% sur 10 ans, mais avec une flambée du marché et des conséquences sociales préjudiciables. L’épargne est très faiblement rémunérée. Pour ceux qui souhaitent faire des placements rentables, elle les oblige à prendre énormément de risque, par exemple, sur des investissements de type unités de compte assurances-vie.

La croissance sans inflation est un dilemme pour la BCE. L’institut monétaire prévoit une croissance de 4,6% en 2021 et de 4,7% en 2022. La BCE a également relevé ses prévisions d’inflation en zone euro à 1,9% en 2021 et 1,5% en 2022. Cette inflation reste encore contenue. Elle ne parvient pas à s’approcher des 2% tant souhaités. Mais ne risque-t-elle pas de dépasser les 2% ? Avec plus de 2% d’inflation les épargnants perdront des milliards sur les livrets défiscalisés.

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