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Par Gabriel Gaspard

Publié le 04 avril 2023, 00:00

Dans un contexte de polycrise, l’Europe souhaite être le premier continent neutre pour le climat en réduisant les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. La France peut-elle saisir sa chance et tourner la page de 33 ans d’improductivité ?

Pour mettre en œuvre le pacte vert, la Commission européenne a adopté une série de propositions pour une troisième révolution industrielle en alignant les politiques de l’UE en matière de climat, d’énergie propre et de transport durable. Mais depuis 1989 et le basculement vers la mondialisation, quelle est le la progression de la productivité, des salaires et des profits en France ? La rentabilité des capitaux employés grignote-elle les salaires et freine-elle l’industrialisation ?

Va-t-on vers une polycrise économique, géopolitique et réglementaire ?

L’économie mondiale est confrontée en ce moment à des crises parallèles et souvent liées (polycrise) : l’impact de la crise du Covid, une guerre en Ukraine, un choc énergétique, une forte inflation, des taux directeurs en hausse, un nouveau cycle de resserrement monétaire, une situation critique de l’euro par rapport au Dollar, une croissance lente, un endettement excessif.

Les marchés financiers sont eux aussi en turbulences : les introductions en Bourse sont à l’arrêt, les actions chutent, les gouvernements prévoient des emprunts records, la BCE ne soutient plus les achats des États membres. Pour la première fois de l’histoire récente, les actifs risqués tels que les actions, les contrats ou les options ainsi que les obligations d’États baissent fortement. Les investissements privés ainsi que les investissements publics ont pâti considérablement de la hausse des coûts de financement ainsi que de la forte incertitude de la guerre en Ukraine et du niveau très élevé des prix de l’énergie. Les marchés boursiers sont gagnés par un vent de panique venu du secteur bancaire.

Dans un contexte de tensions sur le pouvoir d’achat en raison de l’inflation et de montants records des dividendes versés aux actionnaires des sociétés du CAC 40, il faut parler du partage global de la valeur ajoutée entre salaires et profit. Un sujet très important que le conflit social sur la réforme des retraites laisse au second plan.

Le ralentissement de la productivité du travail.

La productivité du travail a progressé de manière régulière d’environ 1,3% de 1990 à la crise de 2008-2009. Elle a connu une chute inédite pendant la crise économique de 2,6 points. Pour la période 2010-2016, la productivité a recommencé à croître mais à un rythme de 0,9% inférieur à celui d’avant crise. Avant la nouvelle crise sanitaire, de 2016 à 2019, les entreprises françaises accumulent une productivité de +3,8%, 1,7% de cette productivité sera perdue en 2020. Depuis la crise sanitaire, d’après Dares, le niveau de productivité au travail continue de diminuer. En 2022 elle a baissé de 3% par rapport à 2019. In fine : de 1990 à 2022 la France a gagné en 33 ans en moyenne 0,85% par an.

Évolution des inégalités salariales depuis 1990.

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